Mon frère (Douze inédits #1 ) – Texte & En savoir plus…

(P) & (C) LITHIUM 1997
Enregistré et mixé par Damien Bertrand et Mendelson au Lutécia garden studio à Clamart sur 8 pistes.

Mon frère

de notre chambre par la fenêtre
au sud on voyait l’A7
tous les soirs il disait
que tous les deux on partirait
alors sur le périphérique
on allait voir les voitures
on sautait les barrières électriques
par dessus la petite ceinture
sur le parking devant l’autoroute
on allait voir les lumières
jaunes et celles qui partent les rouges
de l’autre côté du tunnel
et quand on revenait
qu le père attendait dans l’escalier
on jouait à celui qui y arriverait
qui rentrerait le premier
avec mon frère
on ne voulait rien de personne
on a toujours fait front commun
toujours ensemble à l’école
où quand maman n’allait pas bien
alors quand lui il a eu l’age
comme c’était le plus grand
on y a mis tout notre argent
on a choisi la voiture ensemble
avec mon frère
on allait encore des fois sur l’étang
lancer des figues dans l’eau verte
on y allait pas pour se baigner
même qu’il avait pas fait exprès
mais l’étang le jour où je suis tombé dedans
entre un caddie deux sacs poubelles
j’ai eu comme un doute sur la vie qu’était belle
du côté du tunnel
avec mon frère
mon frère je sais qu’il m’en a voulu
mais moi c’est personne que j’ai trahi
c’est juste que j’en pouvais plus
que quand j’ai pu je suis parti
mais moi j’aimais mon grand frère
c’est pas ma faute si il est resté
moi j’aimais mon grand frère
beaucoup plus qu’il n’a pensé
moi j’aimais mon frère
beaucoup plus que moi-même
ce n’est pas ma faute s’il est resté
mais quand je le revois tu sais
en train de fumer dans l’escalier
je voudrais qu’il vienne me chercher
je voudrais l’entendre rigoler
je voudrais voir mon frère
mon grand frère
ce soir je vais attendre
en bas de chez nous à côté de la voiture
il ne dira rien tu sais
ni pourquoi je suis venu
on prendra juste la voiture
on ira comme pour faire un tour
Et puis sur la bretelle sud
on prendra vraiment l’autoroute
on ira vers la mer
on suivra les lumières
devant des voitures
on suivra les lumières
devant des voitures
avec mon frère
avec mon frère

 


EN SAVOIR PLUS
Commentaires de Pascal Bouaziz en exclusivité mondiale pour ce site.

Cette chanson, on l’a enregistré en juin 97, ou juillet, un an après l’album à peu près…C’est paru, sur une compilation lithium, qu’était offerte, avec l’achat, de n’importe lequel des albums de Lithium. C’était une bonne compilation. Avec un des meilleurs morceaux de Diabologum, un des tous meilleurs de Jérome Minière, mon préféré en tout cas, un morceau en anglais de Dominique A., super top. C’était bien quoi. La chanson de Delaney aussi. Très bien. Et puis donc plein d’autres qui devaient être super aussi. Y en a douze, je crois. La meilleure de Bertrand Betch, aussi, il me semble.
Nous, on avait déjà rencontré Meïr, le batteur légendaire de Mendelson, depuis le mois de février, je crois. A ce moment-là, on répétait au Liberty Rock Studio, avant d’émigrer à la Luna Rossa, dans le 13°, où on est resté trois ans quasiment. Ca n’intéresse personne, mais c’est comme ça. Meïr, ça fait rire méchamment les gens branchés, on l’a rencontré par le biais des petites annonces, Jazz-man, je crois. Y avait eu un autre batteur avant, mais je préfère oublier, alors je le note juste parce que c’est vrai. C’était la première chose qu’on enregistrait avec Meïr, donc on était content. Ca nous semblait un grand pas en avant. Vincent le producteur n’aimait pas cette chanson, enfin la musique, qu’il trouvait Jazz-Rock, ce que je comprenais pas trop à l’époque, mais maintenant je crois que c’est du son de la guitare qu’il parlait qui n’est pas encore aussi solide qu’il a pu l’être après. C’est la première chanson “fleuve” de Mendelson, qui fait 7 minutes sur le disque, et puis de nos jours en concert, un peu plus de 12. C’est un de mes moments préférés en concert, d’abord parce que c’est souvent près de la fin, alors la pression est un peu relachée, après parce que c’est une chanson où il y a plein de plages instrumentales, alors je me repose de la voix, et on fait que la musique, et j’aime bien ça. La musique. C’est à cause de cette chanson que des journalistes bienveillants ont pu parler à notre propos du Crazy Horse, donc c’est mieux que Jazz Rock. On est en progrès.
L’A7, évoquée dans le texte n’existe pas. Pas la peine de chercher. En fait c’est l’autoroute du sud, l’A6, qui recoupe ce qu’était du temps de Charles Trenet, la N7, la route des vacances. Alors c’est contracté pour la rime. Je suis désolé, j’aime pas ça. Je le refais plus. pas bien. Non. Pas bien. Mal. (Comme quoi, il y a des rimes dans Mendelson, aussi, et que des fois, il y a même des licences poétiques.) je dis ça, parce que il y a encore des gens qui me disent que mes textes ils riment pas. mais si mes amis, mes grands et bons amis ça rime, sinon, ça coulerait pas, mais ça s’entend pas que ça
rime, c’est même ce que je fais comme travail. Que ça s’entende pas. Mais que ça coule quand même. Le naturel, c’est un gros, gros travail, ça prend un temps terrible, pour un résultat qui donc ne se voit pas. C’est une mission, je suis investi, c’est un sacerdoce, c’est ingrat comme pas possible, comme métier, mais c’est ce que je fais. Faisais. Je ne sais plus ce que je fais en ce moment. mais à l’époque, j’avais des préceptes. Des règles. Comme un dogme secret pour moi-même, avec tout ce qu’il ne faut pas faire, bien, bien clair à l’esprit. Maintenant je m’en fous. Je fais comme ça vient. C’est peut-être tout intégré. Plus besoin de réfléchir. Ca repose.
Que vous dire d’autre ? Mais alors c’est quoi qu’est vrai ? par exemple, c’est quoi qu’est vrai, dans la chanson ? Et ben, c’est vrai, qu’un jour, ouh la, c’est de traumatismes enfantins, qu’on parle, là. Préparez vos mouchoirs. Un jour, je suis bien tombé dans un lac, mais je suis tombé tout seul, c’était au patronage, on se “promenait”, au bord du lac de Créteil. Ca devait être, ce que nos animateurs s’imaginaient que recoupait le mot “Activités”. On était en activité, on était occupé, à quoi, je sais pas, à tomber dans le lac par exemple. Donc, on marche, le long du lac, et là, un trou noir, un blanc, et je me retrouve, dans l’eau, la tête bien sous l’eau, tout habillé bien sûr…une petite chute d’un mètre ou deux, normale, je m’active quoi. Je m’intéresse. Je me cultive.
Et donc j’ai effectivement vu un sac poubelle et un caddie, au fond de ce merveilleux lac, chef-d’œuvre artificiel, preuve s’il en est que quand l’homme s’en donne la peine, il peut arriver à faire de grandes choses. A Créteil, un mercredi après-midi, on était peut-être en “éveil”, une sorte de “première découverte” des trésors de l’architecture. Peut-être. je me suis agrippé au bord, on a du me tendre une main, parce que le parapet de béton, était plutôt haut à cet endroit-là. On m’a tiré de là, on m’a fait assoire, déshabillé, (à cause que j’étais mouillé forcément) devant toutes les filles. Toutes les filles. Aaaarghh. Quelle horreur. Et puis j’ai continué la promenade, comme ça, en slip, toute l’après-midi. On m’avait laissé le droit de garder mon slip, si je le voulais. Quelle gentillesse, mon Dieu, que de souvenirs bénis. L’enfance, l’adolescence, que de périodes merveilleuses et mirifiques et prodigieuses. Que de premiers émois, que de premiers petits bonheurs. Ah comme tout ça me manque aujourd’hui. C’était donc une histoire vraie, le caddie et les sacs poubelles, comme quoi, ce qui semble toujours le plus grotesque, et le plus improbable, et le plus caricatural, et ben, c’est souvent le plus vrai. Comme la fois, en colonie, où…Mais en fait, non. je vais vous l’épargner celle-là. C’est mieux. C’est mieux comme ça.

NB: Vous pouvez écoutez deux autres autres versions de ce morceau :

VERSION LIVE – JUIN 2001

VERSION STUDIO – 2001