"Seuls
au sommet" - Les textes |
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Scanner
Crétin
Personne Ne Le Fera Pour Nous #2
Dans une chambre d'hôtel
Le sens commun
J'aime pas les gens
Sans moi
1983 (Barbara)
Dans tes rêves
Joyeux Noël Jackie
Plusieurs jours et plusieurs nuits
Rien
Hop
Le monde disparaît
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TEXTES: PASCAL BOUAZIZ (sauf la berceuse in "Dans tes rêves" texte Olivier Féjoz)
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Scanner
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j’aimerais voir dans ta tête
comme on voit au scanner
sur une table de médecine
tu fais que je manque d’air
dès que tu quittes la pièce
tu fais comme un vide
tu fais comme un trou
un trou un cratère
un trou un cratère.
Est-ce que tu te sens bien
Moi ça ne va pas si mal
est-ce que tu te sens bien
moi ça va
Est-ce que tu te sens bien
Moi ça ne va pas si mal
est-ce que tu te sens bien
moi ça va
Des fois t’es tellement belle
je te regarde comme un film
un film dont tu serais l’héroïne
Un film où j’ai peur de pas y être
ou alors que dans le décor
un figurant une doublure, un passant
une silhouette
un passant une silhouette
Est-ce que tu te sens bien
Moi ça ne va pas si mal
est-ce que tu te sens bien
moi ça va
Est-ce que tu te sens bien
Moi ça ne va pas si mal
est-ce que tu te sens bien
moi ça va
j’aimerais voir dans ta tête
comme on voit dans la sienne
peut pas y avoir que ce que tu me dis
je peux pas croire tout ce que tu me dis
ce que tu me dis j’y crois à peine
ce que tu me dis c’est trop simple c’est trop joli
c’est trop joli
Plus je te vois et plus tu me manques
tu me manques quand t’arrives
tu me manques quand tu t’en vas
je me glisserais dans toi, si c’était possible
je me glisserais dans toi, si j’avais le choix
j’irais où t’iras
j’irais où que ce soit
Est-ce que tu te sens bien
Moi ça ne va pas si mal
est-ce que tu te sens bien
moi ça va
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Crétin
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Des fois
Des fois j’ai juste envie de me péter la tête
Des fois
Des fois j’ai juste envie de m’arracher le dos
De m’ouvrir le ventre
De me déchirer les mains
Des fois j’ai juste envie de me casser les jambes
Des fois j’ai juste envie de me mettre un pain
Des fois j’ai juste envie
de me sortir les yeux
de m’arracher la trachée
de me soulever l’estomac
me séparer, me séparer,
me séparer de moi
Des fois je n’en reviendrais pas
de me voir passer devant moi
des fois je ne m’en croirais pas
d’entendre le son, le son de ma voix
des fois j’ai juste envie de me péter la tête
de m’ouvrir et m’écouler
dans un champ
un champ un champ de blé,
mur, pour salir, pour m’en sortir
pour me re-rentrer.
Des fois, j’ai juste envie de me saigner
d’m’épurer le sang
de moi tout seul me soigner
moi tout seul m’épargner
moi me réserver
me mettre sur le côté, me laisser dégorger
Des fois je n’en reviendrais pas
de me voir passer devant moi
des fois
des fois je ne m’en croirais pas
d’entendre le propre, le propre son de ma voix
Des fois j’ai juste envie de ne pas avoir été
Des fois j’ai juste envie de ne pas avoir été
Vivant, content, aimé
Des fois j’aimerais pouvoir qu’on m’ouvre le crâne
l’emmener au lavage, prélavage, détergent, puis lavage
des fois j’ai juste envie de me cracker
de faire une O.D.
de me dissoudre, de m’éclater,
de m’absoudre, me moudre, me diluer
des fois j’ai juste envie de me démembrer
des fois j’ai juste envie de me soulager de moi-même
de moi-même me soulager de moi-même
des fois j’ai juste envie de m’péter la tête
Ici mourut Moi Crétin
qui pendant sa vie ne fut rien
Ici mourut Moi Crétin
qui pendant sa vie, sa vie ne fut rien
Des fois mais c’est rare
je ressens comme une espèce de joie bizarre
qui vient de nulle part
et que je ne comprend pas
Un temps elle est là,
et puis elle s’en va.
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Personne Ne Le Fera Pour Nous #2
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Et je passe devant toutes les gares
Et je prends tous les trains
Je suis tout le monde et quelqu’un d’autre
Moi je renonce et je ne suis rien
Et si parfois je rêve la nuit que je dors le jour
Et si parfois même respirer même c’est trop lourd
C’est pas toi
C’est pas moi
C’est pas grave
Parce que nous c’est pas pareil nous c’est beaucoup mieux
Nous on marche dans la lumière
Nous on a besoin de rien d’autre que de nous deux
Et je vois des hôpitaux déserts sur des cours vides
Je rêve d’hôtels juste pour dormir l’après midi
Je rêve de coins d’églises de silences et puis de mers
Je rêve d’infirmières et de moi sans visage
Sur des plages couvertes de lit
Et si parfois je rêve d’être malade juste pour être guéri
Et si je pleure devant les chiffres et les lettres et 30 millions d’amis
C’est pas grave
Parce que nous c’est pas pareil nous c’est beaucoup mieux
Nous on descend dans la lumière
Nous on s’aimera encore quand on sera vieux
On peut fermer les yeux mais le monde est toujours là
On peut fermer les yeux mais le monde est toujours là (bis)
C’est pas grave c’est pas moi
C’est pas grave ça ira
Mets ta tête contre ma tête à nous deux ça ira
C’est pas grave, c’est pas grave…
Parce que nous c’est pas pareil nous c’est beaucoup mieux
Nous on sombre dans la lumière
Nous on s’aimera encore peut-être quand on sera vieux
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Dans une chambre d’hôtel
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Dans une chambre d’hôtel
sur un lit allongé
je ferme les yeux
je les rouvre
je lis sur le plafond
un plafond écaillé
comme sur un plan
un plan effacé
par où partir et où aller
par où partir et où aller
Dans une gare
sur un quai
à ciel ouvert
au buffet
sur la place de la mairie
déserte
je ferme les yeux
je les rouvre
dans les fissures du béton
dans le dessin d’un escalier
je lis
comme sur un plan d’une ville étrangère
comme sur un plan effacé
par où partir
et où aller
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Le sens commun
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A vivre trop longtemps dans sa tête
On perd le sens commun
il a violé puis tué la fille
croyant lui faire du bien
L’enfant se sentait tout seul
il avait besoin d’un Papa
L’homme lui a donné tout ce qu’il avait
L’enfant voulait moins que ça
Il a commencé par taper la mère
A sa fille ça lui faisait du bien
Puis il s’est mis à taper la fille
Quand elle a eu son gamin
A vivre trop longtemps dans sa tête
on perd le sens commun
Il a brûlé sa maison, sa voiture,
il est parti sans rien
Six mois de vide
six mois de quelque chose de moins que le malheur
il s’est acheté une petite boite en fer
qu’il appelait sa petite sœur.
Nous sommes ce que nous voyons
nous voyons ce que nous voulons voir
on continue sans qu’il y ait de raison
On avance dans le noir
A vivre trop longtemps dans sa tête
on perd le sens commun
il a enterré la fille
il a gardé sa main
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J'aime pas les gens
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J’aime pas les enfants
j’aime pas les vieux
j’aime pas les manmans
j’aime pas les gueux
j’aime pas les chômeurs
j’aime pas les gens riches
j’aime pas les acteurs
j’aime pas les actrices
j’aime pas la télé
j’aime pas la radio
j’aime pas me tenir au courant
j’aime pas les journaux
j’aime pas les coiffeurs
j’aime pas les visagistes
j’aime pas les quotas
j’aime pas les femmes flics
j’aime pas RTL, Lci, Cnn,
J’aime pas France Info
j’aime pas les gens qui parlent
j’aime pas les gens qu’ont pas de cerveaux
j’aime pas les journalistes
j’aime pas ceux qui les lisent
j’aime pas l’actualité
j’aime pas les infos
J’aime pas que dans les gros titres
on mette des jeux de mots
j’aime pas qu’on me dise on
j’aime pas la parité
j’aime pas les petits commissaires
du peuple de la pensée
j’aime pas l’opinion
j’aime pas l’innocence
j’aime pas le bon sens
j’aime pas qu’on me donne des leçons
J’aime pas les gens, les gens c’est les pires
(bis)
J’aime pas ce qui me passe par la tête
J’aime pas être comme ça
J’aime pas ce que ça reflète
je m’aime pas moi
Je crois pas en l’Europe
Je crois pas au progrès
J’crois pas au lien social
Je crois pas au tri des déchets
Je plains pas Jospin
Je plains pas Juppé
J’aime pas qu’on me dise Coluche me manque
J’aime pas les enfoirés
j’aime pas les gens, les gens c’est les pires...
J’aime pas les chanteurs
les chanteurs c’est les pires
J’aime pas le Paris de la mode
J’aime pas les couturiers
j’aime pas ton p’tit haut
j’aime pas ton p’tit cul
j’aime pas l’ étalage de
tes fesses ouvertes en PLV
J’aime pas la chair offerte
J’aime pas la publicité
j’aime pas ce qu’on veut me vendre
Tu ne me fais pas bander
J’aime pas les graphistes
j’aime pas les photographes
j’aime pas les artistes
J’aime pas les gens du spectacle
j’aime pas l’esprit de la fête
j’aime pas les chercheurs plasticiens
j’aime pas les clowns, les athlètes
j’aime pas l’art contemporain
j’aime pas Jack Lang
la Culture Pub
les signes de connivence
les « bien entendu »
les signes d’appartenance
J’aime pas qu’on joue là-dessus
j’aime pas les années 80
j’aime pas la nostalgie
j’aime pas qu’on veuille me faire croire
que c’était bien
j’aime pas les rastas blancs
j’aime pas le Djembé
j’aime pas la musique celtique
j’aime pas le reggae français
j’aime pas la nouvelle chanson française
j’aime pas la nouveauté
j’aime pas les bandes d’amis
j’aime pas les soirées
j’aime pas casimir
j’aime pas les plus grands succès
j’aime pas le street wear
j’aime pas les séries cultes
J’aime pas les gens les gens c’est les pires
j’aime pas les gens qu’ont tant de talents
J’aime pas qu’il faille que tout le monde s’exprime
j’aime pas les poètes maudits
j’aime pas les journaux intimes
j’aime pas l’autobiographie
j’veux pas savoir ce que tu veux dire
j’aime pas tes livres
j’aime pas ta poésie
j’aime pas que tu me racontes ta vie
j’aime pas que j’ai jamais pu te le dire
je le crois pas que t’ais pensé
j’aime pas ce que t’as lu
j’aime pas ce que t’as touché
J’aime pas ton jean
J’aime pas ton bonnet
J’aime pas ta coupe
Ta tronche de petit minet
j’aime pas ce que t’aimerais que je pense de toi
j’aime pas penser même en mal de toi
J’aime pas que ça puisse te flatter
j’aime pas que tu te reproduises
j’aime pas que tu puisses exister
J’aime pas les gens les gens c’est les pires
j’aime pas les gens les gens c’est les pires
j’aime pas les gens les gens c’est les pires
Sinon... Sinon, Sinon
à part ça
j’aime bien Pialat
j’aime bien la Belgique
J’aime bien Barbara
avant 68
j’aime bien la mer
j’aime bien Miles Davis
J’aime bien Reiser
J’aime bien Noam Chomsky
J’aime bien gros dégueulasse
J’aime bien Eddy Mitchell
J’aime bien Springsteen, Jean MI
J’aime bien Katerine sur scène
J’aime bien les plats en sauce
J’aime bien les Westerns
j’aime bien les femmes un peu grosses
J’aime bien ne rien faire
j’aime bien qu’on m’aime
je t’aime bien toi
J’aime bien qu’on m’aime
je t’aime bien toi
J’aime bien qu’on m’aime
je t’aime bien toi
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Sans moi
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Je vis ma vie
ça va
Je vois mes amis
J’suis sympa
Le week-end c’est famille
La semaine c’est tranquille
Ça va
Un jour tire l’autre…mais des fois
Je suis assis je suis là
Je souris, et puis je ne suis plus là
Ça va,
Moi-même je ne me sens plus là.
C’est sourd et puis ça flotte
Tout autour de moi
C’est comme une mer morte et qui pèse au fond de moi
Et des choses vivent à l’intérieur
Des choses vivent dans les profondeurs
Des choses vivent sans moi
Des choses vivent sans moi
Comme toi
Comme toi je ne suis plus là
Ça va
J’aimerais autant parler d’autre chose
C’est pas comme si c’était vraiment nouveau
Mais toi comment tu vas
Est-ce qu’il y a quelqu’un qui t’aime au moins
Quelqu’un quelqu’un qui prend soin de toi
Je t’appelle jamais
Je peux pas
Et puis pourquoi
Pourquoi faire
Alors voilà
Tu sais je m’inquiète pour toi…
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1983 (Barbara)
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1974, 1977, 1978,
1983
aujourd’hui je m’en fous
je me souviens de tout
comme s’il avait fait beau
toute cette époque-là
les souvenirs c’est comme
une fausse vie qu’on subit
les souvenirs c’est comme les films super-huit
ça a comme sa propre vitesse
faut pas ralentir la machine
de peur de brûler ce qui reste
faut prendre ça comme ça vient
je regarde et je profite
et je revois mes amis
et je me revois là à ce coin
hey c’est fou ce que je suis petit
hey c’est fou ce que je rigole
c’est fou ce que je rigole
pour n’importe quoi
ma mère descend l’allée
m’appelle et moi je souris
quand elle me voit
Elle me dit peut-être qu’elle
aime pas trop mes amis
hey mais c’est pas grave
plus tard on ira
quand même ensemble
mettre des pétards Mammouths
dans les poubelles
marcher dans les roses rouges
du concierge
Faire du skate-board
dans la descente
jusqu’au virage
je suis surpris de pas être mort
au moins une fois
1982
j’étais si amoureux
j’étais si content d’être malheureux
je croyais que ça finirait pas
ça s’est fini tout seul bien sûr en
1983
Moi et elle
moi et Barbara,
on se regardait on restait là
J’aimais sa mère aussi un peu je crois
j’attendais devant sa porte
je restais dans l’escalier
j’appuyais la minuterie
jusqu’à ce que je parte en courant
jusqu’à ce que de l’autre côté j’entende ta voix
Il y a d’autres filles plus tard
j’ai jamais compris ce qu’elle pouvait me voir
que toi tu ne voyais pas
jamais rien compris Barbara
tu sentais bon le parfum de ta mère
je t’avais acheté des fleurs
pour ton anniversaire
Ma mère disait qu’cétait des fleurs
pour les cimetières
Et je te revois plus tard
sur le chemin de l’école
sur le trottoir d’en face la patinoire
je te faisais signe
je te filais mes devoirs
je te regardais les mains, les cheveux
j’aurais voulu toucher ton bras
et ton cou et l’endroit
où y avait rien sur ta poitrine
j’y pensais la nuit
j’y pensais le jour
je pensais plus jamais rien qu’à ça
tout le monde disait que je t’aimais
tout le monde savait que je t’aimais
j’prenais l’air malheureux
pour te faire honte
on se défend comme on peut
hey tu sais j’fais toujours comme ça
et je revois la famille d’à côté
qu’étaient nos pauvres
ça rassure dans un monde compliqué
y a toujours plus pauvres que soi
à qui ma mère a donné
ma collection de Pif et encore
nos vieux vêtements, nos jouets
qu’avait un chien plus grand que je croyais
que c’était possible
qui dormait dans leur baignoire
leur père faisait du cyclisme
un peu d’alcoolisme aussi je crois
Sylvie leur fille qu’était bizzarre
On disait qu’elle était en retard
Ma mère disait qu’ils avaient pas eu de chance
Je disais qu’ils sentaient pas bon
ma mère disait qu’elle avait honte
que je puisse dire une chose comme ça
ils habitaient face aux hippies
entre eux ils s’aimaient pas
les hippies étaient jeunes et beaux
à ce qui me semblait
c’était plus propre chez eux
et puis plus chiant aussi un peu
ma mère essayait de les aimer
elle avait besoin d’amis
elle disait qu’ils étaient sympas
ils avaient des tentures aux murs
indiennes des tapis Incas
ils écoutaient de la musique étrange
buvaient du thé
revenaient de voyage
étaient bronzés
c’était une autre vie que nous
ma mère essayait bien d’être à l’aise
mais il me semble bien que ça marchait pas
et je me revois
avec mon père distribuer
les dimanches de porte en porte
ll’humanité
Et je revois les voisins plus riches
des collègues à Maman qui vivaient
dans les petits pavillons plus chics
la lutte des classes c’est un jardin
une table de ping pong
une chambre pour chacun
une cheminée dans le grand salon
un mari qui fume la pipe
une voiture neuve un frigo plein,
des vacances été hiver
des chouettes habits
c’est propre et ça sent l’air
et je revois le crépi dans notre appart
mon père qui partait au cours du soir,
le Guernica dans l’entrée
il y avait sur les murs
peut-être un dessin de Follon
Plus un de moi, une poupée
qu’avait ramenée mes grands-parents
pour leur retraite
d’un voyage à l’étranger.
y avait l’affiche d’une ronde de petits chinois
Buster Keaton qui souriait jamais
tous les jours je le regardais
Je le fixais
peut-être c’est lui qui savait
je voulais comprendre pourquoi
et je revois la télé noir et blanc
et moi assis en tailleur
et la chambre et le christ au dessus du lit de ma petite sœur
qu’était toute une histoire
dans la famille que je ne comprenais pas
et tout ça se mélange
et la tristesse de maman
et le bruit des gens
qui jouait aux boules
dehors les soirs d’été
quand on se couchait avant le soleil
le soleil rouge qu’on devinait
à travers le rideau avec mon frère
depuis les lits superposés
on rentrait à six heures pour le bain du soir
on évitait la malade du bas de la cité
qu’avait notre âge et qui crachait
sur tout le monde qui se promenait
tous les soirs pareil avec son père
on disait la mongolienne
qui me faisait peur et puis de la peine
à l’époque j’ai du tout pleurer
j’pleurais pour rien
pour la voiture qu’on changeait
pour un nouveau papier peint
et puis je restais des heures
dans la cage d’escalier
à remonter les étages
dans le vide
de l’autre côté de la rambarde
avec toujours la peur et l’envie
que quelqu’un vienne et
me surprenne en train de tomber
J’avais deux meilleurs amis
à l’époque j’aurais pas choisi
L’un sa famille était moins drôle
son père était harki,
que j’ai jamais vu dehors de chez lui
Sa mère me paraissait immense
pas très facile et puis
Son frère avait la plus grande
collection de comics que j’ai jamais vu de ma vie
que des Marvels et des Stranges
qu’on lisait dans sa chambre
qu’on s’échangeait moi et lui
après le soir au fond de mon lit
je regardais le plafond
je testais mes pouvoirs
j’avais un laser si je me concentrais
qui me sortait par les yeux
je pouvais tuer des gens
j’étais un dieu
et je m’endormais comme ça content
j’étais heureux
j’écoutais le son des peupliers dans le vent
j’écoutais la respiration de mon frère
j’écoutais le bruit des amants de ma mère
elle attendait toujours un peu mon père
je savais moi aussi qu’il allait rentrer
un jour sûrement
que ça pourrait pas être autrement
le matin à l’école on me racontait toujours
des films incroyables avec un mec
a un moment à la fille, il lui fait tout
ah oui tout mais quoi ?
On se montrait un peu fermé le creux de nos bras
paraissait que les filles en dedans
au milieu c’était comme ça
et moi toujours je voulais que tout le monde m’aime
j’avais un tel besoin d’amour
qu’il aurait fallu tout l’amour de la terre
et ça faisait encore pas beaucoup
pour que je me sente enfin à l’aise
me faire aimer de la boulangère
des gens qui passent dans la rue
me faire aimer de toutes les grand mères
j’aurais demandé de l’amour à un clochard
toutes ces histoires d’enfants perdus
qu’on retrouve pas
les enfants leurs problèmes
c’est qu’ils sont pas regardant
ils prennent ce qui vient, je sais
moi j’étais comme ça.
et je me souviens encore
et de mon voisin Johnny
qu’était nerveux
je crois qu’a mal fini
que j’ai revu plus tard
que j’étais vendeur
il m’a pas reconnu
je l’ai laissé prendre en douce dans le magasin
tout ce qu’il a pu
il a pas compris
il a cru qu’il était plus malin
et moi je me souvenais de lui
qu’était chef de bande
à le voir j’avais de la peine
plus tard à ce qu’on m’a dit
qu’il prenait des trucs graves
dans les mêmes cages d’escalier
où on mangeait nos BNs
où on se tenait contre l’chauffage
les jours d’hivers où il neigeait
où il y avait une bataille de neige
géante dans tout le quartier
on se partageait les gants
on attaquait en rang serrés
fallait prendre tout le côté droit
des immeubles ( bis ) de la cité
Johnny c’était notre chef
on se serait fait prendre pour lui
on avait la fidélité
on mettait des cailloux
des calots, des billes
tout ce qu’on pouvait trouver
dans la neige au milieu des boules
je me rappelle quand j’ai vu mon caillou
ouvrir la tête d’un mec d’en face
Et je revoyais le sang du mec
j’en revenais pas
je croyais qu’on allait venir me chercher
j’attendais la police la nuit
j’entendais tous les pas
venir dans l’escalier
et je me souviens
La dernière nuit avant qu’on parte
j’ai senti le monde disparaître
au dedans de moi
je regardais les valises déjà faites
J’ai commencé tôt la nostalgie
j’étais déjà tellement doué
pour ça tout petit
et je me souviens encore
d’un jour la fille de la voisine
que j’aimais pas
elle me montrait tout ce qu’il y avait à voir
et moi j’imaginais Barbara
je lui montrais moi aussi
elle voulait que je lui dise que je l’aime
elle me courrait après dans les couloirs
je lui disais que non je ne l’aimais pas
mais toi je t’aimais bien,
toi je t’aimais Barbara
en 1982-83,
oh oui depuis longtemps
je t’aimais Barbara
Et Jérome aussi et Kacem,
et le parrain de ma sœur
et ses filles
et Maman, et mon petit frère
et mon père qui revenait pas
je les aimais tous
à l’époque tous ces gens-là
Et Johnny aussi et même Sylvie qu’était en retard
Je les aimais tous
mais surtout toi
toi je t’aimais, Barbara
en 1982, en 1983
depuis longtemps
je t’aimais Barbara
jamais jamais su Barbara
si tu m’aimais Barbara
J’ai jamais su
Jamais su si toi tu m’aimais
Barbara en 1982 en 1983
J’ai jamais su si tu m’aimais rien qu’un peu toi.
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Dans tes rêves
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quand t’auras perdu la maquilleuse spéciale cuir
avec les seins en mousse
quand tu te seras réveillé un mauvais goût affreux dans la bouche
quand tu finiras quand même par prendre le métro
quand t’auras fini de t’arroser la bite au champagne
quand au soir de l’an tu te seras mis
autrement plus minable
quand décidément tu ne feras plus jamais rire personne
qui voudra encore de toi
qui se souviendra de ton téléphone
alors tu feras le tour de tous tes anciens amis
et toutes tes anciennes petites maîtresses
et tout ce qu’ils n’ont jamais pu te dire
d’un coup je suis sûr que ça va leur revenir
tu n’y croiras pas encore tout a fait
tu iras parler aux gens dans la rue
tu diras ce n’est quand même pas possible
mais ça va vite, ça va vite
et puis t’as plus d’appart
t’as ta valise avec tes affaires dans la chambre à l’hôtel
au patron va falloir que tu lui expliques
pour l’argent va y avoir un petit problème
vas-y explique ton cas demande lui d’être gentil avec toi
tu n’aurais jamais cru
que t’en viendrais à parler
à quelqu’un comme ça
mais ni lui ni personne
ne fera jamais rien pour toi
non personne ne fera jamais rien pour toi
quand tu ne voudras plus rien faire d’autre que dormir
et même dans tes rêves tu ne seras plus tout à fait tranquille
quand tu voudras redevenir tout petit enfant
dans les bras de ton père
dans les bras de maman
alors t’auras un vieux souvenir de lumière
un jour en vacances
une maison des volets un chemin une rivière du ciel de l’herbe
« dors et fais de jolis rêves
je suis près de toi je veille
dors et ne pense plus à tout ça ne pense pas. » |
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Joyeux Noël Jackie |
Joyeux noël Jackie,
joyeux noël Jackie,
joyeux noël Jackie,
bonne chance pour le reste de ta vie.
On s’est jamais très bien compris Jackie
Des fois c’est pas utile
Des fois c’est difficille
Ensemble on a fait ce qu’on avait à faire
Ce qu’on avait à faire ensemble est fini
Alors c’est un joyeux noël Jackie
joyeux noël Jackie
joyeux noël Jackie
et bonne chance pour le reste de ta vie
je sais pas ce que tu cherchais jackie
mais ce que tu cherchais
ben ça ne devait pas être ici
le bonheur c’est dur à trouver jackie
le bonheur c’est une chienlit
mais c’est un Joyeux Noël Jackie
Joyeux Noël Jackie
Joyeux Noël Jackie
Et bonne chance pour le reste de ta vie…
Jackie tout ça c’est pas grave finalement
Souviens toi tu disais toujours qu’on en rirait dans dix ans
Hey jackie tu vas voir que plus tard bien plus tard
Quand on aura vieilli on va se marrer tout le temps
Alors joyeux noël jackie, joyeux noël Jackie
joyeux noël Jackie
joyeux noël Jackie
Bonne chance pour le reste…
Le reste de ta vie.
joyeux noël Jackie
joyeux noël Jackie
joyeux noël Jackie
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La honte |
La honte ça vous possède
plus que l’odeur sous vos aisselles
il n’y a pas de traitement
pour ça il n’ y a pas de remède
Il n’y a pas de déodorants
Quand ma femme m’a quitté
Que je lui ai demandé un peu d’argent
Mon père m’a dit qu’il était tellement désolé
Mais qu’il pourrait pas même en le voulant
ma mère a fait du café
Je la voyais remuer la tête parler toute seule dans la cuisine
depuis l’ombre dans l’entrée
Je suis resté dormir pendant un an.
La bohème c’est joli comme mot
Il y d’autres mots moins poésie
La honte elle est là tout le temps
Elle est là même pendant le sommeil
Elle est là sans qu’on y pense même
Elle est là même en jouissant, même en jouissant…
Et je vois mon fils maintenant
Et je sais qu’il sera pareil
Il me regarde comme si c’était sa faute
Comme si quelque part il était responsable
Comme si c’était vraiment pas de veine
Pour nous qu’il soit là à la table
Je le vois qu’il a honte de lui même
Et je le vois qu’il a honte pour sa mère
et je le vois qu’il a honte pour moi
mais ça a jamais rien servi à personne que je le vois
Quand je viens les voir les dimanches
Sa mère lui dit de reprendre
Il dit qu’il n’a plus faim
je reprends une bière elle fume
Il essaye de sourire à sa maman
Il quitte plus la table il ose rien
on reste là, lui, elle et moi.
On voit la nuit qui tombe entre temps
sur les restes du repas
Je leur dit qu’il faut me faire confiance
comme ça pour voir dans le silence
si à force je me croirais moi-même
je le regarde et je vois qu’il a confiance
et ça me tue qu’il ait confiance en moi
Je le vois bien que c’est mon fils
Je le vois bien qu’ je suis pas fier
je le regarde en biais et je me dis
que j’ai jamais aimé les dimanches
Et les lundis non plus et pas plus non plus moi-même
et pas plus les jours d’hiver
et pas plus le printemps
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Plusieurs jours et plusieurs nuits |
Entre ce dont tu avais besoin
entre ce dont tu te souviens
entre ce dont tu avais rêvé
ce dont tu rêves encore
Entre tout ça et la personne que je suis moi
entre tout ça et moi
entre tout ça
il y a
Trois milliards
d’annèes lumière
cinq civilisations
plusieurs planetes
un champ, une route, la vallée, l’horizon
quatres mondes
un univers parallèle
un trou noir
deux espaces, six express
tellement de silence
tellement, tellement de silence
un abribus
un convoi de fête foraine
une mer immense
des heures en train
des années de retard
une fleur en pôt
quatorze gares
treize villes, l’embouchure d’un fleuve
une chaine de plateaux
une usine, le désert des tartares
et 27 endroits, 29 endroits, 33 endroits, 5, 7 endroits où l’on arrive pas,
où l’on arrive pas
il y eut plusieurs jours et plusieurs nuits
il y eut plusieurs jours et plusieurs nuits
il y eut plus de jours et de jours encore et plus de nuit, plus de jours et de jours et de jours autant de nuit...
Il y aura plusieurs jours et plusieurs nuits il y eut plusieurs jours et plusieurs nuits
il y aura plus de jours et de jours encore et plus de nuit, plus de jours et de jours et de jours autant de nuit...
avant que moi peut-être...
Il y aura eu plusieurs jours et plusieurs nuits Il y aura eu plusieurs jours et plusieurs nuits
Il y aura eu plus de jours et de jours encore et plus de nuit, plus de jours et de jours et de jours autant de nuit...
avant que moi peut-être avant que moi peut-être...
Je t’oublie
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Rien |
Y a des gens qui vivent des histoires de feuilleton télé
Y a des gens qui vivent des histoires de soap opera
Y a des gens qui vivent des histoires de télé achat
Y a des gens qui vivent des histoires de films suédois
Et y en a même qui vivent comme toi
Alors rentre chez toi dis merci
mange proprement sois gentil
rentre chez toi dis merci
mange proprement sois gentil
Moi je ne veux pas devenir quoi que ce soit
quoi que ce soit d’autre que moi
Juste de quoi vivre, deux amis, un chat,
il n’y a pas d’autre chemin,
il n’y a pas d’autre choix
Peut-être bien que c’est crétin
peut-être bien que la vie est un combat
On ne peut quand même pas perdre à chaque fois
c’est pas que c’est bien, c’est pas que c’est mal
c’est pas que c’est bien, c’est que c’est comme ça
et si tu trouves que c’est inutile
c’est qu’on ne peut plus rien pour toi...
mais rien sert à rien
laisse tomber
rien sert à rien
de lutter (BIS)
Personne n’est jamais content je sais
Personne n’est jamais content de lui
Personne n’est jamais content de ce qui lui arrive
personne n’est jamais content de sa vie
La plupart des gens vivent écrasés
la plupart des gens complètement bouffés
Mais regarde où t’étais, et regarde où t’en es
Mais regarde où t’étais, et regarde où t’en es
c’est pas que c’est bien c’est pas que c’est mal
c’est pas que c’est bien c’est que c’est comme ça
et si parfois je trouve que c’est inutile
c’est qu’on ne peut plus rien pour moi...
mais rien sert à rien, laisse tomber
rien sert à rien, de lutter...(bis)
alors rentre chez toi. dis merci mange proprement sois gentil...(bis)
sinon je vais chercher grand père et grand père est pire que Papa
et Papa est pire que ta mère
mais personne n’est pire que toi
non personne n’est pire que toi.
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Hop |
Trop peu
Trop tard
Trop peu trop tard
Ciao tout le monde
C’était
Trop peu
Trop tard
Trop peu trop tard
Ciao tout le monde
Bye, bye, hop
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Le monde disparait |
J’ai dormi le plus de temps possible
Sur le chemin de rien du tout du vide
J’ai perdu le plus de temps possible
A vivre dans les livres
Et puis tout seul faire l’amour
Mon cerveau ça fait comme une vieille éponge
Toute sèche et pleine de craie
J’ai la nostalgie de ma vie future
Comme si elle n’allait jamais arriver
Comme si elle était déjà perdue
Tu me manques déjà toi
Que je n’ai jamais rencontrée
Je te vois dans 20 ans
Je te regrette telle que tu serais
Telle que tu n’as pas encore été
J’ai la nostalgie même
Du jour où tu voudras partir
Je veux te connaître
avant de devoir tout me souvenir
Regarde comme je suis
Je vis dans un futur mal passé
Je vis dans un futur imparfait
Des fois le monde disparaît
Comme si j’étais le dernier vivant sur la terre
Oh je t’en prie ne me laisse plus seul plus longtemps
J’ai besoin de toi
Il me semble qu’il me manque la force de gravité
Je flotte je veux des racines quelque part
Je veux toucher terre
Je veux m’attacher
Je suis juste un homme et je veux me relier
Je suis entouré de vieux fantômes de souvenirs du futur
Et de futurs regrets
Je suis un être humain normal et je veux être aimé
Je veux juste être aimé.
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